16 janv. 2016

Hasta Siempre, 747! So long, Jumbo!

Une page est en train de se tourner chez Air France.
Une grosse page de 45 années, pendant lesquelles le Jumbo de Seattle a écumé les cieux du monde en arborant les couleurs tricolores.

Des premiers 747-100 jusqu'aux modèles -400, la compagnie aura exploité 74 exemplaires de ce majestueux avion, qui n'usurpe pas son titre de Queen of the skies depuis près d'un demi-siècle!

Je n'ai malheureusement pas pu prendre place à bord du dernier vol commercial, entre Mexico et Paris, mais j'ai eu la chance de pouvoir avoir une place à bord de l'un des deux vols hommage quelques jours plus tard. Moi, parmi les 30,000 personnes ayant tenté d'obtenir un billet.
Notre vol!

Rendez-vous était donné à partir de 7h au Terminal 2E, à Roissy CDG, pour le vol AF744.
Nos billets nous sont remis, et nous nous rendons en salle d'embarquement.
Mes deux collègues et compères sur ce vol, Cédric (gx.) et Julien (dx.)
Le Hall se remplit petit à petit..
Les deux Jumbos, les stars de la journée, attendent sous une pluie battante. F-GITJ (AF744) et F-GITE (AF747) s'apprêtent à tirer leur révérence pour de bon. F-GITD devait assurer les vol AF747, mais un soucis technique l'en a empêché, malgré les efforts des techniciens..
F-GITJ - AF744

Le hall se remplit petit à petit, et l'embarquement est déclenché autour de 8h30.
Dans la passerelle, une haie d'honneur est faite par des agents de la compagnie. On sait déjà que ce vol est spécial.

Nous prenons place dans l'avion, et on sent bien que l'équipage (technique et commercial) est très détendu.  Il n'y a pas de stress d'horaire, de correspondance à l'arrivée.... ça plaisante jusque dans les annonces au Passenger Adress (le système qui leur permet de faire les annonces dans toute la cabine).


9h35, on sent la secousse du repoussage.
Puis les quatre CF6-80C2B1F se mettent à rugir avec ce gros "boum" au démarrage et leur sifflement si caractéristique. J'ai déjà la gorge serrée.... je m'imagine ce qui se passe dans la tête des pilote en ce moment.... Je sais qu'il seront pros jusqu'au bout, mais je sais qu'au fond d'eux ils ont cette impression qu'on leur arrache une chose à laquelle ils tiennent.
Je me revois deux ans et demi en arrière, lors du meeting d'adieu des F-4F de la Luftwaffe, quand les quatre pilotes ont pour la dernière fois fait rugir les J-79 de leur Phantoms.

Nous roulons vers la piste 26R de Roissy, en passant devant le CMH (le centre de maintenance en piste d'Air France).
Entrée sur la piste, et mise en puissance sans s'arrêter. Ça part fort... normal, c'est un 747. Nous pesons 285 tonnes,  les moteurs n'ont pas besoin d'être sollicités à leur maximum.
On entre dans la couche, sans référence visuelle (nous, pauvres passagers), mais on sent bien que ça grimpe sévère!!

Très rapidement nous nous retrouvons au FL350 (35,000 pieds, 10,600m), et nous voila partis pour un tour de France dans le sens horaire, en passant par Auxerre, Lyon, le Mont Blanc, Marseille, Perpignan, Toulouse, Bordeaux, Nantes, le Mont St Michel, Rouen et retour à Paris.
FL350, au dessus de la Bourgogne..

Apéritif...
Les apéritifs sont rapidement servis, puis nous pouvons nous déplacer dans tout l'avion, sauf au pont supérieur, qui accueille des VIP, dont le président du groupe AF-KLM...
Accès au poste donc impossible.... cela aurait de toutes façons été impossible de faire venir 430 personnes la haut...

 


Une dernière fois cette superbe vue...
La couverture nuageuse nous masquera le sol une majeure partie du vol, nous ne verrons pas le Mont Blanc.

Puis l'équipage, nous demande de regagner nos places afin de pouvoir servir les déjeuners. Beaucoup de monde est debout, certains traînent... la chef de cabine principale redemande gentiment:
" Ce serait vraiment sympa si vous retourniez à vos places, sinon on va devoir vous donner les plateaux repas dans les allées, et ça va pas être pratique!". Décontractés!

Le plateau est une petite collation façon Business..

A bord de l'avion se trouve un animateur d'Europe 1, qui raconte un peu l'histoire de l'avion et de la compagnie tout au long du vol, des anecdotes, etc...
Par moments la parole est aussi donnée à un membre d'équipage, qui raconte ses souvenirs avec l'avion...

Le ciel s'éclaircit alors que nous arrivons sur la côte Atlantique.. On distinguera La Rochelle, St-Nazaire, la Bretagne, Le Mont-St Michel (pour ceux assis du bon côté), puis il est l'heure de se mettre en descente vers Paris.
 
 
 
 
Le contrôle nous demandera trois circuits d'attente, à cause d'une calibration ILS en cours à Roissy, puis nous intégrons l'approche pour se poser sur la 27R.
Le copi est aux commandes, et l'atterrissage est sans doute le plus doux que j'ai pu vivre sur ce genre d'avion. Un miel des Vosges! Son dernier, il l'a vraiment assuré!!

Nous roulons ensuite vers le hangar ou l'entretien de ces beaux avions est réalisé. Des spotters se tassent le long des grillages...
Court arrêt avant de tourner entre les hangars, les pompiers lancent leurs lances à incendie, pour saluer une dernière fois cet avion et l'équipage. Moment fort, j'ai à nouveau les larmes aux yeux...
Le hangar H1 (maintenance Boeing 747 et 777 à CDG), et l'eau du salut des pompiers...
Photo faite par un collègue, merci Alex!
Photo prise par un autre collègue, qui a assuré le tractage. Merci Nicolas!

Puis, Tango Juliet s'immobilise une dernière fois, et les quatre moteurs sont coupés pour de bon.. Voila... End of an era.

"Té-Ji" est ensuite tracté devant le hangar H1-1 pour le débarquement, et nous sommes invités dans le hangar pour un petit discours de remerciement, au pied de Tango Delta et de l'un de ses successeurs, un 777-300ER (F-GSQI).

 
 
 
 
 

Puis il est l'heure de repartir, des navettes nous attendent pour le retour à l'aérogare. L'équipage nous distribue un diplôme et un petit sac avec des goodies à la sortie.
Un grand merci à eux pour avoir assuré cet évènement!



So long, 747 !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire